Lipolyse et adipolyse, expériences personnelles
Etude personnelle de différentes techniques de lipolyse médicale
Et résultats comparés
Brigitte DAUTEL-LUCHAIRE, M.D.
Médecine Esthétique et Anti-âge – Nutrition
Aix-en-Provence
Introduction
Chaque année, c’est par dizaines de milliers que, en France, et infiniment plus encore au Etats-Unis, les femmes ont recours à la liposuccion, et cette technique affinée au cours du temps, qui gagne régulièrement en performance, garde tout à la fois ses évidentes indications et ses adeptes ; la liposuccion est, et restera, un recours obligé dans nombre d’indications, où d’excellents résultats justifient ce choix.
Cet article ne se pose évidemment pas comme une contestation d’une technique qui a fait ses preuves ; il ne sera pas davantage un plaidoyer pour une substitution de la liposuccion par des techniques de lipolyse non chirurgicales : notre propos est une simple démonstration de l’intérêt indiscutable de techniques peu invasives, non chirurgicales, dans la mesure où l’indication est strictement posée dans une optique unique : obtenir les résultats attendus par le patient au moindre coût, pour le bien-être et la santé de celui-ci, et ainsi savoir poser les indications d’une lipolyse locale, autant que passer la main au plasticien lorsque les circonstances le demandent.
Loin de nous étendre sur une bataille des indications, chirurgicales ou médicales, nous ne ferons ici que citer les avantages avérés d’une technique comme de l’autre, et souligner leurs indications spécifiques.
L’objet de ce texte est en effet et avant tout, de témoigner d’une expérience personnelle.
Médecin libéral depuis1985, très vite intéressée par la Médecine Esthétique, c’est dans les années 90 qu’un collège parisien, dont l’enseignement fut remarquable, me permit d’obtenir la théorie et la pratique de la Médecine Esthétique.
A cette époque, se former à la liposuccion chirurgicale, la pratiquer soi-même, restait possible : si ces temps sont révolus, il en reste l’expérience et le souvenir d’une technique, et la conviction de son bien-fondé.
Par chance, et par la suite, me voyant proposer l’étude de différents appareils destinés à la lipolyse, une autre expérience est venu compléter la précédente. Nous décrirons ici les intérêts constatés pour chacune de ces méthodes.
1-Le tissu gras : un bastion complexe.
Schéma 1
Le tissu gras sous épidermique est l’objet de cette étude personnelle, le tissu gras profond péri-viscéral demeurant une indication de prescription diététique.
La graisse sous-épidermique est constituée d’une hyperplasie de tissu gras ; ce dernier est représenté par des adipocytes hypertrophiés, prisonnier d’une gangue dure de tissu conjonctif dont la structure désorganisée est caractéristique : les strates de tissu conjonctif ne sont plus organisées en structures parallèles, comme dans le tissu sain, mais se présentent sous forme d’un filet emprisonnant des îlots d’adipocytes et comprimant le réseau capillaire artériel artério-veineux et lymphatique ; ce tissu conjonctif s’organise en sa superficie en « poils de brosse » amarrés au facia superficialis ; Ce tissu conjonctif est particulièrement imperméable aux substances chimiques dont l’ application est transcutanée : les agents dermatologiques comme la caféine, se montrent donc inefficaces sur la lipolyse profonde. Les techniques physiques externes (palper rouler, physio stimulation) se montrent souvent peu probantes quant à leur action sur le tissu conjonctif, en raison, notamment, de la profondeur de celui-ci.
2- les différentes techniques lipolythiques étudiées :
– A – Usage conjoint de l’effet hyperthermiant profond de lampes à infrarouges type A et de couranst KOT de physio stimulation. 70 patients étudiés.
– B – Usage de solutés isotoniques seuls ; 50 patients étudiés.
– C – Usage de solutés hypotoniques et d’ultra-sons à usage interne : 40 patients étudiés.
A- Usage conjoint des infrarouges filtrés de type A et de physio stimulation
Le protocole appliqué est le suivant :
– Les patients sont pesés et mesurés. Une impédancemètrie est réalisée pour chiffrer le métabolisme de base, la masse grasse et la masse hydrique. Une enquête alimentaire est réalisée permettant d’établir le niveau calorique des consommations alimentaires, celui-ci ne sera pas modifié dans la mesure où le poids est stable depuis au moins 6 mois, et dans la mesure où le bilan énergétique correspond aux dépenses quotidiennes du patient, en incluant les dépenses liées à la pratique du sport : de la sorte les résultats de cette étude ne pourront être attribués à des modifications diététiques. Les patients qui ne sont pas conformes à ces critères, et ceux qui afficheront par la suite des troubles du comportement alimentaire seront exclus de cette étude.
– Le patient bénéficie de dix séances de lipolyse. Chaque séance comprend une exposition du corps entier au rayonnement infrarouge type A, durant 45 minutes en décubitus, suivies de 45 minutes en procubitus ; dans le même laps de temps, une physio stimulation est réalisée par courants KOT ; ces courants stimulent l’ensemble du corps, abdomen- hanches- fesses- cuisses- bras-dos, quelque soit la disposition de la surcharge pondérale.
– Au terme des 10 séances les résultats sont les suivants :
Nous relevons des pertes centimétriques significatives :
5 cm en moyenne sur taille et hanches
3cm sur les cuisses
Ces résultats s’accompagnent d’une perte de masse hydrique :
2 litres en moyenne
Et d’une perte de masse grasse – le régime alimentaire n’a pas été modifié
rappelons-le.
2,5 kg de masse grasse en moyenne
– Intérêts de cette méthode :
Nous remarquons que l’exposition aux infra rouges de type A permet une hyperthermie profonde
– Cette hyperthermie a été mesurée par les travaux de Vaupel sur sonde intra et sous-dermique ; ces travaux font état d’une différence entre infra rouges A et B, les premiers étant des ondes longues à pénétrance superficielle (longueur d’onde 0, 76 à 1,4 µm), les second étant des ondes courtes à pénétrance profonde (1, 4 à 3µm). Les infrarouges type A permettent une élévation thermique profonde atteignant 40 degrés Celsius à 7 cm de profondeur et 42 degrés Celsius à 4 cm:
Par cette méthode nous produisons ici une élévation thermique de la région sous-dermique durant 90 minutes ; nous comparons cette hyperthermie à celle constatée lors d’un effort prolongé sans élévation notable du rythme cardiaque ; ce type de travail est un effort en endurance dans une atmosphère chaude (trekking, jogging).
L’hyperthermie prolongée permettrait donc ; selon nos constatations, une lipolyse des régions sous dermiques.
– Les acides gras libérés lors de cette thermolyse vont être utilisés immédiatement grâce à la physio stimulation continue : en effet, nous nous trouvons dans des conditions particulières de biochimie du muscle, comparables à celle du travail sportif en endurance ; dans cette situation, le combustible préférentiel du muscle, n’est plus, au-delà de la vingtième minute du traitement, le glucose circulant ou le glycogène musculaire. Les combustibles utilisés par le muscle sont les acides gras, dégradés en lactates et pyruvates et éliminés dans la circulation générale.
Photo 1
– L’avantage de cette technique est donc l’utilisation immédiate des acides gras libérés, ce qui rend une restriction alimentaire conjointe totalement inutile. Ce point nous a paru intéressant ;
– L’aspect du patient au décours des 10 séances est également satisfaisant : la masse grasse ciblée correspond aux surcharges disgracieuses (graisses de type alpha) ; la silhouette est donc harmonieusement équilibrée
– Cette technique présente cependant deux inconvénients
∞ La longueur de chaque séance- quatre-vingt-dix minutes
∞le praticien doit être présent. Une assistante peut apporter une aide, mais il conviendra de former longuement cette personne à la physio-stimulation ; elle devra faire preuve d’une bonne connaissance de l’anatomie musculaire et des points moteurs. Par ailleurs, des incidents pouvant survenir pendant la séance – rash, hypertension, malaise vagal- la présence du médecin à proximité demeure indispensable.
B- Usage de solutés hypotoniques seuls
L’usage de solutés isotoniques en matière d’amincissement est certes bien connue, elle a, par ailleurs, été longuement développée, en particulier par les travaux remarquables du docteur Bernstein.
L’étude au microscope des tissus gras traités, avant et après injection montre sans conteste une altération des parois adipocytaires ainsi qu’une libération du contenu de la cellule grasse dans les tissus voisins.
Dans notre expérience, nous avons obtenu d’excellents résultats pour cette technique, employée seule.
Nous avons conseillé de respecter huit jours d’alimentation pauvre en lipides, viandes et laitage maigres, légumes verts, légumineuse ou féculents à chaque repas, éviction des alcools et des glucides rapides au profit des boisons faiblement alcoolisées en quantité modérée, et des fruits faits, compotes et fruits séchés.
Les indications choisies étaient :
– La surcharge péri-ombilicale
– Les petites surcharges gluthéales type « culotte de cheval » très modérée
– Le « sourire sous-fessier » de faible étendue
– Les petits amas graisseux disgracieux sous-mentonniers, ou encore ceux situés sur la face interne du bras et du coude ou de la cuisse et ceux formant le « genou d’éléphant », dans la mesure où leurs dimensions demeurent modérées.
Les résultats sont excellents dans notre expérience, pour ces petites surcharges.
Cependant, chaque patient traité a été contraint à des consignes diététiques pour trois semaines, ce qui nous a paru être une solution incontournable pour une bonne élimination des acides gras, triglycérides et cholestérol libérés.
L’équilibre nutritionnel prescrit s’inspire de celui qui est habituellement proposé aux patients présentant à la fois une hypercholestérolémie et une hypertriglycéridémie. Cette contrainte bien expliquée est facilement adoptée ; le patient voit disparaître les petits amas traités ; il reprend une alimentation normale au bout de trois semaines.
Dans cette étude nous n’avons pas noté de récidive, dans la mesure où une prise de poids ne survient pas ultérieurement ; toute prise de poids ultérieure provoquera une nouvelle métaplasie cellulaire à partir des adipocytes restant, comme c’est le cas également après une liposuccion.
Un bandage par compresses et strapping maintenu 3 semaines permet une bonne cohésion de la peau et des plans profonds.
C- Usage de solutés hypotoniques et d’ultra-sons à usage interne ou externe
Nous avons choisi cette technique pour traiter les cas de surcharges moyennes, volumineuses, mais ne nécessitant pas le recours à une liposuccion chirurgicale ou à une abdominoplastie avec lipectomie.
Cette technique couple l’usage de solutés hypotoniques et d’ultrasons, en usage externe par transducteurs, ou en usage interne par électrode à ultrasons.
1- Indications
Cette technique concerne dans notre étude les zones suivantes, dans la mesure où la surcharge grasse s’y trouve volumineuse sans toutefois justifier une liposuccion: La masse graisseuse éliminée correspond, pour exemple, à un volume moyen de 2 litres de graisse sur le ventre ou sur les hanches
– Abdomen et graisses péri-ombilicales
– Hanches, « culotte de cheval »
– Fesses et « sourire sous-fessier »
– Cellulite diffuse des cuisses et des fesses
– Genoux et chevilles
– Graisses sous mentonnière
– Face interne des cuisses ou des bras
2- Choix du soluté hypotonique
Il dépend de l’ancienneté de la zone à traiter et du caractère de la fibrose,
Dans notre pratique, nous notons une bonne efficacité, et une absence totale d’effet secondaire, ou de survenue de nécrose pour un mélange équimolaire d’eau pour préparation injectable et de sérum physiologique.
Pour lez zones fibrosées, l’osmolarité du mélange devra être diminuée, selon la formule classique :
• est la concentration molaire (exprimée en mol.L-1)
• est le coefficient d’ionisation du soluté qui est égal à 1 + α (p − 1)
• est le degré de dissociation du soluté qui varie entre 0 (pas de dissolution) et 1 (dissolution totale)
est le nombre de particules obtenues par la dissociation du soluté
Au préalable, il convient de bien maîtriser les techniques de calcul de l’osmolarité et de ne pas s’aventurer vers de basses osmolarités, ce qui est une question d’expérience personnelle.
3- Choix de la technique ultrasonique :
-Méthode externe :
Dans notre expérience nous avons utilisé des transducteurs délivrant 3 watts chacun, en mode pulsé ; nous appliquons 4 à 6 transducteurs sur les petites zones (menton, coude, genou) et jusqu’à 30 pour les zones étendues (hanches et abdomen).
Cette utilisation, par l’effet tyxotropique des ultrasons, amplifie l’effet de destructions membranaires des adipocytes.
Pour des panicules adipeuses de trois ou quatre centimètres au maximum, cet usage externe se révèle intéressant, en complément des injections de solutés hypotoniques
– Méthode interne :
Après avoir injecté les tissus à traité de la solution hypotonique spécifique, jusqu’à obtenir une tension homogène de la zone traitée par le produit injecté, une incision est pratiquée sur cette même zone. L’incision présente une dimension d’un millimètre, elle peut être réalisée par une lame de 10 manipulée avec retenue, ou par une aiguille perforante.
L’incision est centrale sur la zone à traiter, de façon à réalise l’acte à partir de ce point unique d’entrée, en un seul mouvement.
L’électrode à ultrasons est introduite par le biais de cette perforation ; le geste est particulièrement aisé, la pénétration du facia superficialis se faisant sans difficulté. Dans un mouvement circulaire, l’électrode permet de traiter la fibrose de l’ensemble de la zone, et de parachever la destruction adipocytaire ; les précautions habituelles seront observées :
– Eviter de s’approcher du plan cutané pour ne pas créer de nécrose ou de perte de substance.
– Eviter les intensités hautes qui provoquent un risque de brûlure ou de nécrose et ne semblent pas, dans notre approche, apporter un résultat supplémentaire.
– Eviter d’insister longuement sur le même trajet et couper le générateur à ultrasons avant de retirer la sonde du point de traitement, afin de ne pas brûler le trajet intra dermique.
– Traiter chaque zone de manière homogène, en demeurant léger au pourtour de celle-ci pour ne pas avoir de « dénivellement » entre la zone traitée et les zones adjacentes.
Après le traitement, l’incision sera refermée par un Stéristrip ou un point de suture.
4- Méthodes physiques et diététiques utilisées pour l’élimination des acides gras et déchets libérés :
Pour permettre une bonne élimination des déchets cellulaires et tissulaires nous avons fait pratiquer après chaque séance un massage, manuel ou par palper rouler, ainsi qu’un drainage lymphatique.
Comme dans le cas précédent, le patient se verra remettre un plan alimentaire limitant les apports en lipides ; cet aspect nous semble indispensable pour une bonne résorption des acides gras libérés.
La contention se fera par strapping et panty léger. Le panty sera conservé trois semaines.
5- Résultats
Photo 2 et 3
Les résultats nous ont paru très intéressants ; par ailleurs, les patients se disent parfaitement satisfaits.
Une seule séance par zone à traiter est en général suffisante, parfois deux, notamment sur les « culottes de cheval » ; parfois une simple séance de retouche, plus légère, suit la séance initiale.
En conclusion :
Chaque technique présente ses indications spécifiques, chacune d’entre elle doit être choisie en fonction de l’épaisseur et de l’étendue de la dystrophie graisseuse à traiter, mais aussi en fonction de critères dépendant du patient : ainsi un traitement anticoagulant, de même qu’un terrain anxieux prononcé, feront choisir une technique peu invasive.
Un élément nous a paru important :
Les techniques associant ultrasons et solutés hypotoniques apportent d’excellents résultats chez les patients présentant des lipodystrophies importantes ; cependant, dans la mesure où l’aspiration des graisses libérées ne nous est pas possible, une solution semble être nécessaire pour l’évacuation des déchets et des graisses libérées.
Le drainage local ne nous a pas paru suffisant.
En revanche, une prescription diététique spécifique a donné d’excellents résultats ciblés, durables sur le long terme.
Nous avons remarqué l’impotence d’une contention longue pour obtenir une bonne rétraction cutanée et une adhésion aux plans profonds.
Par ailleurs, nous avons constaté que les patients bénéficiant d’une immersion longue sous infrarouges type A couplés avec une physio stimulation du corps entier ne nécessitaient pas, pour le même résultat sur le court terme et le long terme, de modification de leur équilibre alimentaire personnel.